STE 35 – Charte sociale, 18.X.1961

STE 35 – Charte sociale, 18.X.1961



L’exercice de ces droits doit être assuré soit par voie de conventions collectives librement conclues, soit par des méthodes légales de fixation des salaires, soit de toute autre manière appropriée aux conditions nationales.

Article 5 – Droit syndical

En vue de garantir ou de promouvoir la liberté pour les travailleurs et les employeurs de constituer des organisations locales, nationales ou internationales, pour la protection de leurs intérêts économiques et sociaux et d’adhérer à ces organisations, les Parties contractantes s’engagent à ce que la législation nationale ne porte pas atteinte, ni ne soit appliquée de manière à porter atteinte à cette liberté. La mesure dans laquelle les garanties prévues au présent article s’appliqueront à la police sera déterminée par la législation ou la réglementation nationale. Le principe de l’application de ces garanties aux membres des forces armées et la mesure dans laquelle elles s’appliqueraient à cette catégorie de personnes sont également déterminés par la législation ou la réglementation nationale.

Article 6 – Droit de négociation collective

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit de négociation collective, les Parties contractantes s’engagent:
1 à favoriser la consultation paritaire entre travailleurs et employeurs;
2 à promouvoir, lorsque cela est nécessaire et utile, l’institution de procédures de négociation volontaire entre les employeurs ou les organisations d’employeurs, d’une part, et les organisations de travailleurs, d’autre part, en vue de régler les conditions d’emploi par des conventions collectives;
3 à favoriser l’institution et l’utilisation de procédures appropriées de conciliation et d’arbitrage volontaire pour le règlement des conflits du travail; et reconnaissent:
4 le droit des travailleurs et des employeurs à des actions collectives en cas de conflits
d’intérêt, y compris le droit de grève, sous réserve des obligations qui pourraient résulter des conventions collectives en vigueur.

Article 7 – Droit des enfants et des adolescents à la protection

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit des enfants et des adolescents à la protection, les Parties contractantes s’engagent:
1 à fixer à 15 ans l’âge minimum d’admission à l’emploi, des dérogations étant toutefois
admises pour les enfants employés à des travaux légers déterminés qui ne risquent pas de porter atteinte à leur santé, à leur moralité ou à leur éducation;
2 à fixer un âge minimum plus élevé d’admission à l’emploi pour certaines occupations
déterminées considérées comme dangereuses ou insalubres;
3 à interdire que les enfants encore soumis à l’instruction obligatoire soient employés à des travaux qui les privent du plein bénéfice de cette instruction;
4 à limiter la durée du travail des travailleurs de moins de 16 ans pour qu’elle corresponde aux exigences de leur développement et, plus particulièrement, aux besoins de leur formation professionnelle;

5 à reconnaître le droit des jeunes travailleurs et apprentis à une rémunération équitable ou à une allocation appropriée;
6 à prévoir que les heures que les adolescents consacrent à la formation professionnelle pendant la durée normale du travail avec le consentement de l’employeur seront considérées comme comprises dans la journée de travail;
7 à fixer à trois semaines au minimum la durée des congés payés annuels des travailleurs de moins de 18 ans;
8 à interdire l’emploi des travailleurs de moins de 18 ans à des travaux de nuit, exception faite pour certains emplois déterminés par la législation ou la réglementation nationale;
9 à prévoir que les travailleurs de moins de 18 ans occupés dans certains emplois déterminés par la législation ou la réglementation nationale doivent être soumis à un contrôle médical régulier;
10 à assurer une protection spéciale contre les dangers physiques et moraux auxquels les enfants et les adolescents sont exposés, et notamment contre ceux qui résultent d’une façon directe ou indirecte de leur travail.

Article 8 – Droit des travailleuses à la protection

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit des travailleuses à la protection, les Parties
contractantes s’engagent:
1 à assurer aux femmes, avant et après l’accouchement, un repos d’une durée totale de
12 semaines au minimum, soit par un congé payé, soit par des prestations appropriées de sécurité sociale ou par des fonds publics;
2 à considérer comme illégal pour un employeur de signifier son licenciement à une femme durant l’absence en congé de maternité ou à une date telle que le délai de préavis expire pendant cette absence;
3 à assurer aux mères qui allaitent leurs enfants des pauses suffisantes à cette fin;
4 a – à réglementer l’emploi de la main-d’œuvre féminine pour le travail de nuit dans les
emplois industriels;
b – à interdire tout emploi de la main-d’œuvre féminine à des travaux de sous-sol dans les mines, et, s’il y a lieu, à tous travaux ne convenant pas à cette main-d’œuvre en raison de leur caractère dangereux, insalubre ou pénible.

Article 9 – Droit à l’orientation professionnelle

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit à l’orientation professionnelle, les Parties
contractantes s’engagent à procurer ou promouvoir, en tant que de besoin, un service qui aidera toutes les personnes, y compris celles qui sont handicapées, à résoudre les problèmes relatifs au choix d’une profession ou à l’avancement professionnel, compte tenu des caractéristiques de l’intéressé et de la relation entre celles-ci et les possibilités du marché de l’emploi; cette aide devra être fournie, gratuitement, tant aux jeunes, y compris les enfants d’âge scolaire, qu’aux adultes.

Article 10 – Droit à la formation professionnelle

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit à la formation professionnelle, les Parties
contractantes s’engagent:
1 à assurer ou à favoriser, en tant que de besoin, la formation technique et professionnelle de toutes les personnes, y compris celles qui sont handicapées, en consultation avec les organisations professionnelles d’employeurs et de travailleurs, et à accorder des moyens permettant l’accès à l’enseignement technique supérieur et à l’enseignement universitaire d’après le seul critère de l’aptitude individuelle;
2 à assurer ou à favoriser un système d’apprentissage et d’autres systèmes de formation des jeunes garçons et filles, dans leurs divers emplois;
3 à assurer ou à favoriser, en tant que de besoin:
a – des mesures appropriées et facilement accessibles en vue de la formation des
travailleurs adultes;
b – des mesures spéciales en vue de la rééducation professionnelle des travailleurs adultes, rendue nécessaire par l’évolution technique ou par une orientation nouvelle du marché du travail;
4 à encourager la pleine utilisation des moyens prévus par des dispositions appropriées telles que:
a – la réduction ou l’abolition de tous droits et charges;
b – l’octroi d’une assistance financière dans les cas appropriés;
c – l’inclusion dans les heures normales de travail du temps consacré aux cours
supplémentaires de formation suivis pendant l’emploi par le travailleur à la demande de son employeur; de la garantie, au moyen d’un contrôle approprié, en consultation avec les organisations professionnelles d’employeurs et de travailleurs, de l’efficacité du système d’apprentissage et de tout autre système de formation pour jeunes travailleurs, et, d’une manière générale, de la protection adéquate des jeunes travailleurs.

Article 11 – Droit à la protection de la santé

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit à la protection de la santé, les Parties
contractantes s’engagent à prendre, soit directement, soit en coopération avec les
organisations publiques et privées, des mesures appropriées tendant notamment:
1 à éliminer, dans la mesure du possible, les causes d’une santé déficiente;
2 à prévoir des services de consultation et d’éducation pour ce qui concerne l’amélioration de la santé et le développement du sens de la responsabilité individuelle en matière de santé;
3 à prévenir, dans la mesure du possible, les maladies épidémiques, endémiques et autres.

Article 12 – Droit à la sécurité sociale

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit à la sécurité sociale, les Parties contractantes s’engagent:

1 à établir ou à maintenir un régime de sécurité sociale;
2 à maintenir le régime de sécurité sociale à un niveau satisfaisant, au moins égal à celui nécessaire pour la ratification de la Convention internationale du travail (n° 102) concernant la norme minimum de la sécurité sociale;
3 à s’efforcer de porter progressivement le régime de sécurité sociale à un niveau plus haut;

4 à prendre des mesures, par la conclusion d’accords bilatéraux ou multilatéraux appropriés ou par d’autres moyens, et sous réserve des conditions arrêtées dans ces accords, pour assurer:
a – l’égalité de traitement entre les nationaux de chacune des Parties contractantes et les
ressortissants des autres Parties en ce qui concerne les droits à la sécurité sociale, y
compris la conservation des avantages accordés par les législations de sécurité sociale,
quels que puissent être les déplacements que les personnes protégées pourraient
effectuer entre les territoires des Parties contractantes;
b – l’octroi, le maintien et le rétablissement des droits à la sécurité sociale par des moyens tels que la totalisation des périodes d’assurance ou d’emploi accomplies conformément à la législation de chacune des Parties contractantes.

Article 13 – Droit à l’assistance sociale et médicale

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit à l’assistance sociale et médicale, les Parties
contractantes s’engagent:
1 à veiller à ce que toute personne qui ne dispose pas de ressources suffisantes et qui n’est pas en mesure de se procurer celles-ci par ses propres moyens ou de les recevoir d’une autre source, notamment par des prestations résultant d’un régime de sécurité sociale, puisse obtenir une assistance appropriée et, en cas de maladie, les soins nécessités par son état;
2 à veiller à ce que les personnes bénéficiant d’une telle assistance ne souffrent pas, pour cette raison, d’une diminution de leurs droits politiques ou sociaux;
3 à prévoir que chacun puisse obtenir, par des services compétents de caractère public ou privé, tous conseils et toute aide personnelle nécessaires pour prévenir, abolir ou alléger l’état de besoin d’ordre personnel et d’ordre familial;
4 à appliquer les dispositions visées aux paragraphes 1, 2 et 3 du présent article, sur un pied d’égalité avec leurs nationaux, aux ressortissants des autres Parties contractantes se trouvant légalement sur leur territoire, conformément aux obligations qu’elles assument en vertu de la Convention européenne d’assistance sociale et médicale, signée à Paris le 11 décembre 1953.

Article 14 – Droit au bénéfice des services sociaux

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit à bénéficier des services sociaux, les Parties
contractantes s’engagent:
1 à encourager ou organiser les services utilisant les méthodes propres au service social et qui contribuent au bien-être et au développement des individus et des groupes dans la communauté ainsi qu’à leur adaptation au milieu social;
2 à encourager la participation des individus et des organisations bénévoles ou autres à la création ou au maintien de ces services.

Article 15 – Droit des personnes physiquement ou mentalement diminuées à la
formation professionnelle et à la réadaptation professionnelle et sociale.

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit des personnes physiquement ou mentalement diminuées à la formation professionnelle et à la réadaptation professionnelle et sociale, les Parties contractantes s’engagent:
1 à prendre des mesures appropriées pour mettre à la disposition des intéressés des moyens de formation professionnelle, y compris, s’il y a lieu, des institutions spécialisées de caractère public ou privé;
2 à prendre des mesures appropriées pour le placement des personnes physiquement
diminuées, notamment au moyen de services spécialisés de placement, de possibilités
d’emploi protégé et de mesures propres à encourager les employeurs à embaucher des
personnes physiquement diminuées.

Article 16 – Droit de la famille à une protection sociale, juridique et économique

En vue de réaliser les conditions de vie indispensables au plein épanouissement de la famille, cellule fondamentale de la société, les Parties contractantes s’engagent à promouvoir la protection économique, juridique et sociale de la vie de famille, notamment par le moyen de prestations sociales et familiales, de dispositions fiscales, d’encouragement à la construction de logements adaptés aux besoins des familles, d’aide aux jeunes foyers, ou de toutes autres mesures appropriées.

Article 17 – Droit de la mère et de l’enfant à une protection sociale et économique

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit de la mère et de l’enfant à une protection sociale et économique, les Parties contractantes prendront toutes les mesures nécessaires et appropriées à cette fin, y compris la création ou le maintien d’institutions ou de services appropriés.

Article 18 – Droit à l’exercice d’une activité lucrative sur le territoire des autres parties contractantes.

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit à l’exercice d’une activité lucrative sur le territoire de toute autre Partie contractante, les Parties contractantes s’engagent:
1 à appliquer les règlements existants dans un esprit libéral;
2 à simplifier les formalités en vigueur et à réduire ou supprimer les droits de chancellerie et autres taxes payables par les travailleurs étrangers ou par leurs employeurs;
3 à assouplir, individuellement ou collectivement, les réglementations régissant l’emploi des travailleurs étrangers; et reconnaissent:
4 le droit de sortie de leurs nationaux désireux d’exercer une activité lucrative sur le territoire des autres Parties contractantes.

Article 19 – Droit des travailleurs migrants et de leurs familles à la protection et à
l’assistance

En vue d’assurer l’exercice effectif du droit des travailleurs migrants et de leurs familles à la protection et à l’assistance sur le territoire de toute autre Partie contractante, les Parties contractantes s’engagent:
1 à maintenir ou à s’assurer qu’il existe des services gratuits appropriés chargés d’aider ces travailleurs et, notamment, de leur fournir des informations exactes, et à prendre toutes mesures utiles, pour autant que la législation et la réglementation nationales le permettent, contre toute propagande trompeuse concernant l’émigration et l’immigration;
2 à adopter, dans les limites de leur juridiction, des mesures appropriées pour faciliter le départ, le voyage et l’accueil de ces travailleurs et de leurs familles, et à leur assurer, dans les limites de leur juridiction, pendant le voyage, les services sanitaires et médicaux nécessaires, ainsi que de bonnes conditions d’hygiène;
3 à promouvoir la collaboration, suivant les cas, entre les services sociaux, publics ou privés, des pays d’émigration et d’immigration;
4 à garantir à ces travailleurs se trouvant légalement sur leur territoire, pour autant que ces matières sont régies par la législation ou la réglementation ou sont soumises au contrôle des autorités administratives, un traitement non moins favorable qu’à leurs nationaux en ce qui concerne les matières suivantes:
a la rémunération et les autres conditions d’emploi et de travail;
b l’affiliation aux organisations syndicales et la jouissance des avantages offerts par les
conventions collectives;
c le logement;
5 à assurer à ces travailleurs se trouvant légalement sur leur territoire un traitement non moins favorable qu’à leurs propres nationaux en ce qui concerne les impôts, taxes et contributions afférents au travail, perçus au titre du travailleur;
6 à faciliter autant que possible le regroupement de la famille du travailleur migrant autorisé à s’établir lui-même sur le territoire;
7 à assurer à ces travailleurs se trouvant légalement sur leur territoire un traitement non moins favorable qu’à leurs nationaux pour les actions en justice concernant les questions mentionnées dans le présent article;
8 à garantir à ces travailleurs résidant régulièrement sur leur territoire qu’ils ne pourront être expulsés que s’ils menacent la sécurité de l’État ou contreviennent à l’ordre public ou aux bonnes mœurs;
9 à permettre, dans le cadre des limites fixées par la législation, le transfert de toute partie des gains et des économies des travailleurs migrants que ceux-ci désirent transférer;
10 à étendre la protection et l’assistance prévues par le présent article aux travailleurs migrants travaillant pour leur propre compte, pour autant que les mesures en question sont applicables à cette catégorie

Partie III

Article 20 – Engagements

1 Chacune des Parties contractantes s’engage:
a – à considérer la partie I de la présente Charte comme une déclaration déterminant les objectifs dont elle poursuivra par tous les moyens utiles la réalisation, conformément aux dispositions du paragraphe introductif de ladite partie;
b – à se considérer comme liée par cinq au moins des sept articles suivants de la partie II de la Charte: articles 1, 5, 6, 12, 13, 16 et 19;
c – à se considérer comme liée par un nombre supplémentaire d’articles ou paragraphes
numérotés de la partie II de la Charte, qu’elle choisira, pourvu que le nombre total des
articles et des paragraphes numérotés qui la lient ne soit pas inférieur à 10 articles ou à
45 paragraphes numérotés.
2 Les articles ou paragraphes choisis conformément aux dispositions des alinéas b et c du paragraphe 1 du présent article seront notifiés au Secrétaire Général du Conseil de l’Europe par la Partie contractante au moment du dépôt de son instrument de ratification ou d’approbation.
3 Chacune des Parties contractantes pourra, à tout moment ultérieur, déclarer par notification adressée au Secrétaire Général qu’elle se considère comme liée par tout autre article ou paragraphe numéroté figurant dans la partie II de la Charte et qu’elle n’avait pas encore accepté conformément aux dispositions du paragraphe 1 du présent article. Ces engagements ultérieurs seront réputés partie intégrante de la ratification ou de l’approbation et porteront les mêmes effets dès le trentième jour suivant la date de la notification.
4 Le Secrétaire Général communiquera à tous les gouvernements signataires et au Directeur général du Bureau international du travail toute notification reçue par lui conformément à la présente partie de la Charte.
5 Chaque Partie contractante disposera d’un système d’inspection du travail approprié à ses conditions nationales.

Partie IV

Article 21 – Rapports relatifs aux dispositions acceptées

Les Parties contractantes présenteront au Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, dans une forme à déterminer par le Comité des Ministres, un rapport biennal, relatif à l’application des dispositions de la partie II de la Charte qu’elles ont acceptées.

Article 22 – Rapports relatifs aux dispositions qui n’ont pas été acceptées

Les Parties contractantes présenteront au Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, à des intervalles appropriés et sur la demande du Comité des Ministres, des rapports relatifs aux dispositions de la partie II de la Charte qu’elles n’ont pas acceptées au moment de la ratification ou de l’approbation, ni par une notification ultérieure. Le Comité des Ministres déterminera, à des intervalles réguliers, à propos de quelles dispositions ces rapports seront demandés et quelle sera leur forme.

Article 23 – Communication de copies

1 Chacune des Parties contractantes adressera copies des rapports visés aux articles 21 et 22 à celles de ses organisations nationales qui sont affiliées aux organisations internationales d’employeurs et de travailleurs qui seront invitées, conformément à l’article 27, paragraphe 2, à se faire représenter aux réunions du sous-comité du Comité social gouvernemental.
2 Les Parties contractantes transmettront au Secrétaire Général toutes observations sur lesdits rapports reçues de la part de ces organisations nationales, si celles-ci le demandent.

Article 24 – Examen des rapports

Les rapports présentés au Secrétaire Général en application des articles 21 et 22 seront
examinés par un Comité d’experts, qui sera également en possession de toutes observations transmises au Secrétaire Général conformément au paragraphe 2 de l’article 23.

Article 25 – Comité d’experts

1 Le Comité d’experts sera composé de sept membres au plus désignés par le Comité des Ministres sur une liste d’experts indépendants de la plus haute intégrité et d’une compétence reconnue dans les matières sociales internationales, qui seront proposés par les Parties contractantes.
2 Les membres du Comité seront nommés pour une période de six ans; leur mandat pourra être renouvelé. Toutefois, les mandats de deux des membres désignés lors de la première nomination prendront fin à l’issue d’une période de quatre ans.
3 Les membres dont le mandat prendra fin au terme de la période initiale de quatre ans seront désignés par tirage au sort par le Comité des Ministres immédiatement après la première nomination.
4 Un membre du Comité d’experts nommé en remplacement d’un membre dont le mandat n’est pas expiré achève le terme du mandat de son prédécesseur.

Article 26 – Participation de l’Organisation internationale du travail

L’Organisation internationale du travail sera invitée à désigner un représentant en vue de participer, à titre consultatif, aux délibérations du Comité d’experts.

Article 27 – Sous-comité du Comité social gouvernemental

1 Les rapports des Parties contractantes ainsi que les conclusions du Comité d’experts seront soumis pour examen à un sous-comité du Comité social gouvernemental du Conseil de l’Europe.
2 Ce sous-comité sera composé d’un représentant de chacune des Parties contractantes. Il invitera deux organisations internationales d’employeurs et deux organisations internationales de travailleurs, au plus, à envoyer des observateurs, à titre consultatif, à ses réunions. Il pourra, en outre, appeler en consultation deux représentants, au plus, d’organisations internationales non gouvernementales dotées du statut consultatif auprès du Conseil de l’Europe, sur des questions pour lesquelles elles sont particulièrement qualifiées telles que, par exemple, le bien-être social et la protection économique et sociale de la famille.
3 Le sous-comité présentera au Comité des Ministres un rapport contenant ses conclusions, en y annexant le rapport du Comité d’experts.

Article 28 – Assemblée Consultative

Le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe transmettra à l’Assemblée Consultative les
conclusions du Comité d’experts. L’Assemblée Consultative communiquera au Comité des Ministres son avis sur ces conclusions.

Article 29 – Comité des Ministres

A la majorité des deux tiers des membres ayant le droit d’y siéger, le Comité des Ministres pourra, sur la base du rapport du sous-comité et après avoir consulté l’Assemblée Consultative, adresser toutes recommandations nécessaires à chacune des Parties contractantes.

Partie V

Article 30 – Dérogations en cas de guerre ou de danger public

1 En cas de guerre ou en cas d’autre danger public menaçant la vie de la nation, toute Partie contractante peut prendre des mesures dérogeant aux obligations prévues par la présente Charte, dans la stricte mesure où la situation l’exige et à la condition que ces mesures ne soient pas en contradiction avec les autres obligations découlant du droit international.
2 Toute Partie contractante ayant exercé ce droit de dérogation tient, dans un délai raisonnable, le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe pleinement informé des mesures prises et des motifs qui les ont inspirées. Elle doit également informer le Secrétaire Général de la date à laquelle ces mesures ont cessé d’être en vigueur et à laquelle les dispositions de la Charte qu’elle a acceptées reçoivent de nouveau pleine application.
3 Le Secrétaire Général informera les autres Parties contractantes et le Directeur général du Bureau international du travail de toutes les communications reçues conformément au paragraphe 2 du présent article.

Article 31 – Restrictions

1 Les droits et principes énoncés dans la partie I, lorsqu’ils seront effectivement mis en œuvre, et l’exercice effectif de ces droits et principes, tel qu’il est prévu dans la partie II, ne pourront faire l’objet de restrictions ou limitations non spécifiées dans les parties I et II, à l’exception de celles prescrites par la loi et qui sont nécessaires, dans une société démocratique, pour garantir le respect des droits et des libertés d’autrui ou pour protéger l’ordre public, la sécurité nationale, la santé publique ou les bonnes mœurs.
2 Les restrictions apportées en vertu de la présente Charte aux droits et obligations reconnus dans celle-ci ne peuvent être appliquées que dans le but pour lequel elles ont été prévues.

Article 32 – Relations entre la Charte et le droit interne ou les accords internationaux

Les dispositions de la présente Charte ne portent pas atteinte aux dispositions de droit interne et des traités, conventions ou accords bilatéraux ou multilatéraux qui sont ou entreront en vigueur et qui seraient plus favorables aux personnes protégées.

Article 33 – Mise en œuvre au moyen de conventions collectives

1 Dans les États membres où les dispositions des paragraphes 1, 2, 3, 4, et 5 de l’article 2, des paragraphes 4, 6 et 7 de l’article 7, et des paragraphes 1, 2, 3 et 4 de l’article 10 de la partie II de la présente Charte relèvent normalement de conventions conclues entre employeurs ou organisations d’employeurs et organisations de travailleurs, ou sont normalement mises en œuvre autrement que par la voie légale, les Parties contractantes peuvent prendre les engagements correspondants, et ces engagements seront considérés comme remplis dès lors que ces dispositions seront appliquées à la grande majorité des travailleurs intéressés par de telles conventions ou par d’autres moyens.

2 Dans les États membres où ces dispositions relèvent normalement de la législation, les Parties contractantes peuvent également prendre les engagements correspondants, et ces engagements seront considérés comme remplis dès lors que ces dispositions seront appliquées par la loi à la grande majorité des travailleurs intéressés.

Article 34 – Application territoriale

1 La présente Charte s’applique au territoire métropolitain de chaque Partie contractante. Tout gouvernement signataire peut, au moment de la signature ou au moment du dépôt de son instrument de ratification ou d’approbation, préciser, par déclaration faite au Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, le territoire qui est considéré à cette fin comme son territoire métropolitain.

2 Toute Partie contractante peut, au moment de la ratification ou de l’approbation de la
présente Charte, ou à tout autre moment par la suite, déclarer, par notification adressée au Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, que la Charte, en tout ou en partie, s’appliquera à celui ou à ceux des territoires non métropolitains désignés dans ladite déclaration et dont elle assure les relations internationales ou dont elle assume la responsabilité internationale. Elle spécifiera dans cette déclaration les articles ou paragraphes de la partie II de la Charte qu’elle accepte comme obligatoires en ce qui concerne chacun des territoires désignés dans la déclaration.

3 La Charte s’appliquera au territoire ou aux territoires désignés dans la déclaration visée au paragraphe précédent à partir du trentième jour qui suivra la date à laquelle le Secrétaire Général aura reçu la notification de cette déclaration.

4 Toute Partie contractante pourra, à tout moment ultérieur, déclarer, par notification adressée au Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, que, en ce qui concerne un ou plusieurs des territoires auxquels la Charte s’applique en vertu du paragraphe 2 du présent article, elle accepte comme obligatoire tout article ou paragraphe numéroté qu’elle n’avait pas encore accepté en ce qui concerne ce ou ces territoires. Ces engagements ultérieurs seront réputés partie intégrante de la déclaration originale en ce qui concerne le territoire en question et porteront les mêmes effets à partir du trentième jour qui suivra la date de la notification.

5 Le Secrétaire Général communiquera aux autres gouvernements signataires et au Directeur général du Bureau international du travail toute notification qui lui aura été transmise en vertu du présent article.

Article 35 – Signature, ratification, entrée en vigueur

1 La présente Charte est ouverte à la signature des membres du Conseil de l’Europe. Elle sera ratifiée ou approuvée. Les instruments de ratification ou d’approbation seront déposés près le Secrétaire Général.
2 La présente Charte entrera en vigueur le trentième jour suivant la date du dépôt du cinquième instrument de ratification ou d’approbation. Pour tout signataire qui la ratifiera ultérieurement, la Charte entrera en vigueur le trentième jour suivant la date du dépôt de son instrument de ratification ou d’approbation.
4 Le Secrétaire Général notifiera à tous les membres du Conseil de l’Europe et au Directeur général du Bureau international du travail l’entrée en vigueur de la Charte, les noms des Parties contractantes qui l’auront ratifiée ou approuvée et le dépôt de tout instrument de ratification ou d’approbation intervenu ultérieurement.

Article 36 – Amendements

Tout membre du Conseil de l’Europe peut proposer des amendements à la présente Charte par communication adressée au Secrétaire Général du Conseil de l’Europe. Le Secrétaire Général transmettra aux autres membres du Conseil de l’Europe les amendements ainsi proposés qui seront examinés par le Comité des Ministres et soumis pour avis à l’Assemblée Consultative. Tout amendement approuvé par le Comité des Ministres entrera en vigueur le trentième jour après que toutes les Parties contractantes auront informé le Secrétaire Général de leur acceptation. Le Secrétaire Général notifiera à tous les États membres du Conseil de l’Europe et au Directeur général du Bureau international du travail l’entrée en vigueur de ces amendements.

Article 37 – Dénonciation

1 Aucune Partie contractante ne peut dénoncer la présente Charte avant l’expiration d’une période de cinq ans après la date à laquelle la Charte est entrée en vigueur en ce qui la concerne, ou avant l’expiration de toute autre période ultérieure de deux ans et, dans tous les cas, un préavis de six mois sera notifié au Secrétaire Général du Conseil de l’Europe, qui en informera les autres Parties contractantes et le Directeur général du Bureau international du travail. Cette dénonciation n’affecte pas la validité de la Charte à l’égard des autres Parties contractantes, sous réserve que le nombre de celles-ci ne soit jamais inférieur à cinq.

2 Toute Partie contractante peut, aux termes des dispositions énoncées dans le paragraphe précédent, dénoncer tout article ou paragraphe de la partie II de la Charte qu’elle a accepté, sous réserve que le nombre des articles ou paragraphes auxquels cette Partie contractante est tenue ne soit jamais inférieur à 10 dans le premier cas et à 45 dans le second et que ce nombre d’articles ou paragraphes continue de comprendre les articles choisis par cette Partie contractante parmi ceux auxquels une référence spéciale est faite dans l’article 20, paragraphe 1, alinéa b.

3 Toute Partie contractante peut dénoncer la présente Charte ou tout article ou paragraphe de la partie II de la Charte aux conditions prévues au paragraphe 1 du présent article, en ce qui concerne tout territoire auquel s’applique la Charte en vertu d’une déclaration faite conformément au paragraphe 2 de l’article 34.

Article 38 – Annexe

L’annexe à la présente Charte fait partie intégrante de celle-ci. En foi de quoi, les soussignés, dûment autorisés à cet effet, ont signé la présente Charte.
Fait à Turin, le 18 octobre 1961, en français et en anglais, les deux textes faisant également foi, en un seul exemplaire qui sera déposé dans les archives du Conseil de l’Europe. Le Secrétaire Général du Conseil de l’Europe en communiquera des copies certifiées conformes à tous les signataires